Clio Barnard
2013
Durée : 1h33
Conner Chapman
Shaun Thomas
Sean Gilder
Le Géant égoïste de Clio Barnard fut une des grandes révélations du festival de Cannes 2013 (Quinzaine des réalisateurs) avant de remporter le Grand Prix du Festival du film britannique de Dinard. ….Le Géant égoïste est l’un des plus beaux films sur l’enfance, à la fois dans la grande tradition réaliste du cinéma anglais et tout imprégné de préoccupations formelles, comme il sied à une cinéaste qui, à ses débuts, réalisa une demi-douzaine de films expérimentaux….. Voici une nouvelle réalisatrice qui n’a pas froid aux yeux, et qui se livre au plaisir coupable de la fiction et de la représentation honnies par les milieux avant-gardistes de sa jeunesse.
Positif, décembre 2013
Violence, humour noir, poésie et espoir, s’allient dans ce cruel récit d’initiation, la plus belle œuvre de la saison cinématographique.
Eithne O’Neill Positif
Le Géant égoïste de Clio Barnard impose une nouvelle étoile dans le ciel, clairsemé il est vrai, du cinéma anglais contemporain. Déjà remarquée dans son pays avec The Arbor, elle nous offre içi un des plus beaux films sur l’enfance qui fait éclater le cadre réaliste cher à ses compatriotes.
Michel Ciment Positif
Avec Le Géant égoïste, fable tragique située dans le Nord de l’Angleterre, Clio Barnard réussit une adaptation contemporaine bouleversante d’un conte d’Oscar Wilde….. Le Géant égoïste, c’est d’abord une musique. Apre et rocailleuse, au diapason de cet accent du Nord qui fait sonner l’anglais comme une langue barbare. Quelques répliques suffisent pour se sentir embarqué dans cette région sinistrée, où la tristesse des paysages post-industriels finit presque par devenir poétique ….. Dans cette fable tragique qui évoque aussi bien le Steinbeck de Des souris et des hommes que le Ken Loach de Sweet Sixteen, la cinéaste réussit surtout la gageure d’éviter tout misérabilisme. Sa caméra nerveuse qui saisit, comme un radar, la brusquerie des corps en mouvement, y est pour beaucoup. Mais ses comédiens font le reste ….. Leur vitalité emporte tout sur son passage.
Mathilde Blottière, Télérama
Extraits d’un entretien avec Clio Barnard par Michel Ciment
M.C. : Le titre fait référence à une courte nouvelle d’Oscar Wilde, ce qui peut surprendre, cet écrivain étant associé à un univers très sophistiqué.
C.B. : Ce qui a attiré mon attention dans ce récit c’est son climat de conte de fées véridique et son discours sur les blessures de l’amour, avec une fin heureuse et triste à la fois. Pour Oscar Wilde, c’était un enfant christique qui fréquentait ce géant égoïste, mais pas pour moi qui ne suis pas religieuse. C’était de mon point de vue, une histoire d’enfants exclus et de ce qu’ils perdent avec ce rejet. Ils étaient repoussés dans les marges et cela me mettait en colère.
M.C. : Le film fait penser à Dickens et Kitten au personnage de Fagin dans Oliver Twist.
C.B. : Bien sûr, cette histoire a un parfum dickensien avec cette recherche de tuyaux de cuivre dans les décharges. Et Oliver Twist s’impose bien sûr comme référence. A un moment j’ai songé à abandonner le titre du film car je voulais le situer dans un contexte plus large. Ce n’est pas tant l’histoire de Kitten qu’un film sur l’idéologie de l’égoïsme qui imprègne le récit à tous les niveaux. Quand Margaret Thatcher est morte, Glenda Jackson a dit que, sous son gouvernement, le vice était devenu une vertu, que l’égoïsme et l’appât du gain étaient mis en avant. Cela m’a semblé résumer ce dont je voulais parler. Le Géant égoïste est une fable sur ce qu’on perd si on adopte cette vision des choses.