Henri Georges Clouzot (1943)
Avec Simone Signoret Vera Clouzot Paul Meurisse Charles Vanel
Michel Delasalle (Paul Meurisse) dirige un pensionnat pour garçons d’une main de fer. Son épouse (Véra Clouzot) ne supporte plus sa violence et son autorité. Elle se rapproche de Nicole (Simone Signoret), l’amante de son mari, et se lie d’amitié avec elle, partageant la même haine pour cet homme implacable. Henri-Georges Clouzot trouve dans le roman de Boileau et Narcejac, les ingrédients à même de déverser une fois de plus sa haine de l’humanité. Car Les Diaboliques est, derrière ses atours de suspense implacable, une nouvelle étude de la veulerie humaine. Les relations qui unissent Paul Meurisse, Véra Clouzot et Simone Signoret sont d’une rare violence larvée, conjuguant besoin de possession et de domination, haine, désir de destruction et jalousie. Même si l’on connaît l’oeuvre d’origine de Boileau et Narcejac (Celle qui n’est plus), voir si l’on a lu ne serait-ce qu’un ou deux de leurs autres romans noirs (les mécanismes étant souvent les mêmes d’une histoire à une autre), Les Diaboliques vaut assurément le détour. Comme Hitchcock adaptant également Boileau-Narcejac (D’entre les morts) pour Vertigo, Clouzot se réapproprie complètement le matériau d’origine. Il réalise une œuvre glacée, sublimée par un magnifique noir et blanc sec et coupant d’Armand Thirard. L’ambiance des Diaboliques est celle d’une morgue et ses héros des morts en sursis. Les décors, l’atmosphère sont moites, étouffants : piscine d’eau croupie, sentiers boueux, intérieurs décrépis, nourriture avariée… tout semble contaminé par la noirceur de ces êtres qui se débattent dans la boue de l’humanité. Dans cet océan de noirceur, osons proposer un petit jeu ludique aux spectateurs : retrouver Johnny Hallyday dans sa toute première apparition ! |
Olivier Bitoun |