Réalisateur : Vittorio de Sica
Date : 1946
Avec : Franco Interlenghi
Rinaldo Smordoni
Durée 93 mn
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Film sur l’enfance malheureuse, contemporain de Rome, ville ouverte, Sciuscià est une des œuvres fondatrices du néo-réalisme. Vittorio De Sica avait déjà réalisé en 1942, Les Enfants nous regardent qui, par bien des aspects, laissait augurer d’un renouveau du cinéma italien.
Dans le premier film néo-réaliste de Vittorio De Sica, on retrouve les spécificités du mouvement : « la volonté de description et de dénonciation sociales, l’utilisation d’extérieurs réels et d’interprètes non professionnels. »1
Lors de sa sortie italienne, le film n’eut aucun succès commercial. Le producteur Paolo W. Tamburella dut se résoudre à le vendre en France et aux États-Unis à un prix dérisoire. Mais, c’est précisément dans ces pays que Sciuscià reçut, alors, un bel accueil public. Les Italiens furent donc forcés de reconsidérer leur jugement.
Bien que Sciuscià soit une parfaite tranche de vie, en concordance avec l’éthique néo-réaliste, il se présente aussi comme « une fable poignante, presque une allégorie, sur le goût de la pureté et du dépassement contrarié par le cynisme et la cruauté du monde. »2
Le scénario du film « présente, sur le plan dramatique, une série de fausses culpabilités rejaillissant en chaîne les unes sur les autres. »3 La misère sociale est, de ce fait, plus nettement désignée comme responsable de tous les malheurs.
Mais, on ne doit pas ignorer, non plus, ce qu’exprimait Vittorio De Sica dans un texte publié par la revue La Table ronde, en mai 1960 : « L’expérience de la guerre fut déterminante pour nous tous. […] Nous cherchions à nous libérer du poids de nos fautes, nous voulions nous regarder en face, et nous dire la vérité, découvrir ce que nous étions réellement, et chercher le salut. Je crois que Sciuscià, le film qui est né de ce besoin, a marqué la fin de mes mises en scène commerciales […] »
VITTORIO DE SICA
Deux ans avant d’entrer dans l’Histoire du cinéma avec « Le Voleur de bicyclette », Vittorio De Sica et Césare Zavattini réalisent avec Sciuscià l’un des premiers grands films du Néo réalisme italien.
Une fois encore comme dans le film « Les enfants nous regardent » les auteurs se placent du coté des enfants.
La création n’est pas faite seulement d’intelligence mais d’affection grâce à la collaboration intellectuelle de De Sica et Zavattini, deux esprits fraternels.
Sujet :
Le titre est une déformation du terme américain : « Shoe Shine » (cirer chaussures) que les Italiens orthographient phonétiquement Sciuscià. Le film est l’histoire de quelques uns de ces enfants, pitoyables épaves de la guerre, contraints pour vivre à pratiquer des petits métiers de circonstances qui les menaient inévitablement au marché noir.
Critique du film :
Témoin direct de la misère sociale, Sciuscià se situe délibérément loin d’un cinéma sophistiqué, avec des acteurs et des décors choisis pour leur apparente simplicité. Récompensé par l’Oscar du meilleur film étranger en 1947, ce chef d’oeuvre épuré et bouleversant adopte avec un ton souvent proche du documentaire le point de vue des enfants de la Guerre, livrés à eux-mêmes, qui tentent de survivre à la sortie du conflit. Malgré le désir de retrouver une innocence trop tôt envolée, la réalité reprend souvent le dessus et les conditions d’incarcération des jeunes renvoient aux tensions vécues peu de temps auparavant. Les trahisons, les collaborations, les sévices et même les conditions hygiéniques renvoient encore et toujours aux pires heures de la Seconde Guerre Mondiale et parviennent même à briser l’amitié voire l’amour entre deux êtres. Pour Vittorio De Sica les enfants ne devraient jamais connaître la haine, la barbarie, les blessures…mais ils ne peuvent malheureusement pas s’envoler comme à la fin de Miracle à Milan pour y échapper.
Fiche technique du film Sciuscià
- Réalisation : Vittorio De Sica
- Assistants : Umberto Scarpelli, Armando W. Tamburella, Argi Rovelli, Elmo De Sica
- Scénario : Sergio Amidei, Adolfo Franci, Cesare Giulio Viola, Cesare Zavattini
- Décors : Ivo Battelli
- Photographie : Anchise Brizzi
- Son : Tullio Parmeggiani
- Montage : Nicolò Lazzari
- Musique : Alessandro Cicognini
- Production : Giuseppe Amato, Paolo William Tamburella
- Société de production : Alfa Cinematografica
- Société de distribution : France Compagnie Indépendante de Distribution
- Pays d’origine : Italie
- Langue : Italien
- Format : Noir et blanc – 35 mm
- Durée : 93 minutes
- Dates de sortie : en Italie 27 avril 1946
Distribution :
- Franco Interlenghi : Pasquale Maggi
- Rinaldo Smordoni : Giuseppe Filippucci
- Aniello Mele : Raffaele
- Maria Ciampi : la voyante
- Pacifio Astrologo : Vittorio
- Enrico De Silva : Giorgio
- Bruno Ortensi : Arcangeli
- Emilio Cigoli : Staffera
- Antonio Nicotra : L’Abruzzese
- Anna Pedroni : Nannarella
- Gino Saltamerenda : le « panza »
Principaux films réalisés par De Sica :
Il réalisa entre 1940 et 1974 une trentaine de films longs métrages et 4 courts métrages.
- 1943 : Les enfants nous regardent (I bambini ci guardano)
- 1946 : Sciuscià
- 1948 : Le Voleur de bicyclette (Ladri di biciclette)
- 1951 : Miracle à Milan (Miracolo a Milano)
- 1952 : Umberto D.
- 1953 : Station Terminus (Stazione Termini)
- 1954 : L’Or de Naples (L’Oro di Napoli)
- 1956 : Le Toit (Il Tetto)
- 1960 : La Paysanne aux pieds nus (La ciociara)
- 1963 : Hier, aujourd’hui et demain (Ieri, oggi, domani)
- 1964 : Mariage à l’italienne (Matrimonio all’italiana)
- 1970 : Le Jardin des Finzi-Contini (Il giardino dei Finzi Contini)
Principaux rôles d’acteur pour De Sica :
Comme acteur réputé et séducteur il joua de 1917 à 1974 dans 160 films …les plus célèbres :
- 1932 : Les Hommes, quels mufles ! (Gli uomini, che mascalzoni…) de Mario Camerini, rôle
de Bruno
- 1954 : Pain, amour et jalousie (Pane, amore e gelosia) de Luigi Comencini avec Gina Lollobrigida, Marisa Merlini, rôle d’Antonio Carotenuto, maréchal des carabiniers
- 1953 : Madame de… (Gioielli di Madame de…) de Max Ophüls avec Charles Boyer, Danielle Darrieux, rôle du baron Fabrizio Donati
- 1959 : Le Général Della Rovere (Il generale Della Rovere) de Roberto Rossellini avec Sandra Milo, Giovanna Ralli, rôle de Victorio Emanuele Bardone/Grimaldi