Réalisateur : Maurice Pialat (1991)
Avec ; Jacques Dutronc, Bernard Sety, Elsa Zilberstein
Durée 158 mn
Rien de moins confortable que ce Van Gogh, qui enivre, tourmente, apaise puis vous tombe dessus sans prévenir, telle la trappe qui s’abat lourdement sur le pied de Mme Ravoux, la logeuse de l’artiste. Portrait tumultueux de Van Gogh et possible autoportrait de Maurice Pialat (qui fut peintre dans sa jeunesse), l’oeuvre évite toute vision lyrique et fiévreuse de la création. Seul un plan fugitif, au début du film, enregistre le geste nerveux de l’artiste sur la toile. Pour le reste, ce ne sont que des fragments bruts d’une existence gâchée, où le doute et le remords succèdent violemment aux moments d’enthousiasme. Pialat rejoint la peinture, mais avec son outil à lui, le cinéma. Aux torsions des toiles, il répond par des blocs de séquences entrechoqués. Un style unique, une forme qui paraît façonnée à mains nues. Un chaos dompté.
A la croisée du naturalisme et de l’impressionnisme, Pialat fait la part belle aux paysages, aux corps féminins, aux gens du peuple. Et, bien sûr, à Dutronc. Visage émacié, dos courbé, l’acteur porte la fatigue et le détachement à un point rarement atteint. Il fait de Van Gogh un homme brisé, absent, à contretemps toujours. Un être qui meurt épuisé, sans bruit, étouffé par un trop-plein de vie intérieure.
Jacques Morice
En savoir plus sur http://www.telerama.fr/cinema/films/van-gogh,25032.php#ArQ1E6YsBRV7HR4M.99