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Ciné-club du Belvédère – Saint Martin d’Uriage
TRISTANA (1970) Luis Buñuel
Luis Buñuel (1900-1983)
Tous ses films d’Un chien andalou (1928) à Cet obscur objet du désir (1977) se ressentent de la triple influence d’une éducation catholique (qui en a fait un athée irréductible), du surréalisme (dont il fut et demeura jusqu’à la fin un fervent adepte) et de la tradition hispanique littéraire ( La Célestine) et picturale (Goya, Zurbarán).
Le pouvoir subversif de son inspiration éclata en pleine lumière dans L’Age d’or (1930), un brûlot anarchiste qui déclencha les foudres de la censure ; avec le temps il se tempéra d’humour ou de dérision (La vie criminelle d’Archibal de la cruz, 1955; L’ange exterminateur,1962; Le charme discret de la bourgeoisie, 1972).
Nazarin (1958) et La voie lactée (1969) sont des satires de la religion d’une fascinante ambiguïté et El (1952) une démonstration impeccable d’un cas de schizophrénie.
Mais Buñuel sait aussi à l’occasion débrider les plaies à vif d’une société malade, et son message alors n’en est que plus fort Terre sans pain (1932), Los Olvidados (1950).
Il a enfin brossé des portraits de femme d’un subtil érotisme : La jeune fille (1960), Viridiana (1961), Belle de jour (1967), Tristana (1970).
Sous toutes les latitudes (France, Espagne,Mexique), Buñuel a surtout exprimé son profond amour pour la liberté.
Critiques de Tristana
« Une fois de plus, ce diable de Buñuel a réussi ce qu’il y a de plus difficile à réussir en art : le juste équilibre dans le mélange des tons. Tristana mêle, avec une subtilité qui sait offrir l’aspect du naturel, la satire griffue d’une bourgeoisie agonisante, hypocrite ou inconsciente (…) et le tragique abrupt d’une histoire assez abominable ».
Le Nouvel Observateur -Jean-Louis Bory, 18/05/1970
« La plus virulente dénonciation d’un certain ordre bourgeois chrétien que nous ayons vue depuis longtemps à l’écran. Mais avec une douceur infinie, une tendresse pour les personnages et un respect du monde réel que seul un John Ford ou un Renoir ont su parfois nous faire partager ».
Le Monde – Louis Marcorelles, 03/05/1970
« Tout cela, Buñuel le montre dans un style parfaitement rigoureux, sans une image de trop, maniant les symboles avec une retenue exemplaire, profitant au maximum des décors admirables qu’il a choisis. Catherine Deneuve est excellente, mais toute la distribution, composée par ailleurs de comédiens espagnols, mérite des éloges. A voir sans faute ».
L’Humanité – François Maurin, 02/05/1970
« Autant d’images auxquelles on pourra chercher une signification rationnelle à inclure dans la cohérence du film. Ou alors les recevra-t-on avec leur force d’illogisme et de subversion surréaliste » André Cornand.
« Tristana n’est peut-être pas son chef d’œuvre, mais, comme chaque film de Buñuel, on n’arrive pas à s’en rassasier. Ici, tous les mythes, tous les objets, les décors, les personnages que porte en lui l’auteur de L’Age d’or reviennent comme un leitmotiv ».
L’Humanité Dimanche – Samuel Lachize, 04/05/1970
Citations de Buñuel
Voici trois déclarations de Buñuel qui s’appliquent évidemment à l’ensemble de l’oeuvre mais qui peuvent – en particulier – servir pour une approche de Tristana
« J’insiste pour dire que je n’ai rien cherché à démontrer et que je ne me sers pas du cinéma comme d’une chaire d’où je voudrais prêcher ».
« C’est le mystère qui m’intéresse. Si une oeuvre est évidente, elle est terminée pour moi ».
« La morale bourgeoise est pour moi l’immorale, contre laquelle on doit lutter, la morale fondée sur nos très injustes institutions sociales, comme la religion, la patrie, la famille, la culture, enfin ce qu’on appelle les piliers de la société ».
Comme on va le voir tout ce qu’on peut dire de Tristana correspond à ces trois citations.